La voile et la pirogue unissent longtemps leurs efforts pour mener le pêcheur jusqu’à la baie de Hatihe’u. Une feuille de « ‘auti » brandie en signe de paix, il arrive devant le « haka’iki ». Uhutete lui présente le corps desséché dans le «vaka tupapa’u » et lui dit :
« - Tu prétends que ma sœur morte est ta femme. Tu affirmes être le père du prisonnier. Prouves-le ! »
Hi’imoana, brisé d’émotion mais fort de son secret, demande qu’on libère son fils et que l’on convoque les femmes pour chanter le « hakamanu ». A Hatihe’u, sur le grand « ohua » (place publique) de Hikoku’a, les voix entament la mélopée, et le père exécute avec la justesse et la grâce enseignée par sa femme, la merveilleuse danse de l’oiseau devant l’assistance médusée.
« - Qu’on apporte à manger à mon neveu et à mon beau-frère ! » parvient seulement à dire Uhutete.
La nuit était maintenant tombée sur la baie de Taiohae. Teikikeuhina, le chef de danse, se leva du « paepae » Pikivehine (terrasse en pierres sèches sur laquelle la maison était bâtie), pour rejoindre les tambours et les danseurs qui l’appelaient. Il avait entendu Mokohe la frégate : il allait faire renaître la danse légendaire.
De Nuku Hiva à Ua Pou, de la pirogue des jeunes guerriers à la pirogue cercueil, entre le monde des vivants et celui des morts, la danse de l'oiseau est la danse de l'amour et de la vie sur la terre des hommes.